Chronologie de la Chanson #8 : 1954 Les Frères Jacques – Débuts difficiles de Jacques Brel

Chronologie de la Chanson #8 : 1954 Les Frères Jacques - Débuts difficiles de Jacques Brel - Les Quatre Barbus - Marcel Mouloudji

Chronologie de la Chanson #8 : 1954. Nous allons explorer la mémoire de la Chanson parue en 1954. Catherine Sauvage reçoit le grand prix du disque de l’Académie Charles-Cros avec sa magnifique interprétation de “L’homme” . Marcel Mouloudji crée un énorme scandale en chantant “Le Déserteur” le jour-même de la déroute de Diên Biên Phu. La chanson sera interdite. Jacques Brel connaît des débuts difficiles à Paris : refus d’engagement par de nombreux cabarets, pas de succès auprès du public. Juliette Gréco qui n’est pas sourde lui reprend “Le diable”

Général à vendre - Les Frères Jacques - Catherine Sauvage

Catherine Sauvage
Catherine Sauvage

Les Frères Jacques est un quatuor vocal né en 1944 de la rencontre, par le biais de l’association Travail et Culture, d’un docteur en droit, d’un peintre breton, d’un employé des postes et d’un agriculteur provençal.
En 1946, après quelques tournées hasardeuses et un remplacement des Quatre Barbus dans Les Gueux au paradis, ils connaissent leur premier succès au cabaret d’Agnès Capri.
Cette année-là, ils passent à l’ABC, Pierre Philippe devient leur accompagnateur au piano. Jean-Denis Malclès, un décorateur, dessine leur costume de scène : collants noirs, justaucorps d’une couleur différente pour chacun, gants blancs et chapeaux divers.
Pendant cinq ans, le cabaret “La rose rouge” sera leur port d’attache. Edgar Morin écrit à leur propos :”Ce quatuor a atteint sa perfection. À chaque chanson, il opère l’interprétation parfaite des divers éléments de son style : les corps moulés dans un maillot bicolore dessinent des figures géométriques animées tandis que les mains gantées de blanc jouent leur propre ballet (..) On peut dire que Les Frères Jacques ont inventé un mode d’orchestration visuel de la chanson

Chansons de la 1ère partie :

02’13 Les Frères Jacques    : Général à vendre : Francis Blanche – Pierre Philippe : 1954
07’02 Catherine Sauvage   : L’homme : Léo Ferré : 1954
09’41 Marie Bizet                : Ah quel coq on a ! (reenr.) : Albert Willemetz, Jacques Darieux – Fred Pearly, Pierre Chagnon : 1954
12’50 Edith Piaf                  : La goualante du pauvre Jean : René Rouzaud – Marguerite Monnot : 1954

 

 

Les trottoirs - Débuts difficiles de Jacques Brel - Raymond Lévesque

Jacques Brel naît en 1929 à Schaerbeek (Belgique) dans une famille catholique aisée. Il reçoit une éducation chrétienne : Institut Saint-Louis / scoutisme. Cancre, frondeur et rêveur il se fait renvoyer du collège à 17 ans. Il pratique un peu la musique en autodidacte, il écrit aussi de longs poèmes mais son enfance s’étire dans l’ennui.
1947, par soif de théâtre et de jeu, Jacques intègre “La Franche Cordée” une troupe qui donne des représentations bénévoles dans les foyers de malades et de personnes âgées. Il y développe ses dons d’animateur et s’impose comme le meneur de la troupe.
1953, Ayant pris l’habitude de chanter, il débute au Cabaret de la Rose Noire à Bruxelles où il fait la connaissance de Barbara. Ils resteront amis. Jacques enregistre un 78 tours “maquette” qui arrive chez Jacques Canetti à Paris ce dernier demande alors à le rencontrer. En septembre, il débarque à Paris, sa famille lui coupe les vivres. Soir après soir, il se bat, multipliant les cabarets. Il essuie de nombreuses rebuffades et quolibets pour le contenu naïvement chrétien et scout de son répertoire. Il hérite du sobriquet de “l’abbé Brel”
Début 1954, Jacques Canetti le programme Aux Trois Baudets et lui fait enregistrer un 33 tours 25cm qui contient La haine, Le diable, Sur la place, etc… Ce sera un échec commercial.
Il dort sur un billard dans un café de Saint-Michel, La Boule d’or. À deux heures du matin, à la fermeture, le patron lui apporte un oreiller et une couverture. Une autre personne lui tend la main, c’est Suzy Lebrun, la patronne de l’Échelle de Jacob qui l’engage, lui conseille de raser sa moustache et d’éviter de mettre trop de gomina dans ses cheveux. Jacques lui vouera une grande reconnaissance et sera toujours là pour aider le cabaret.

Chansons de la 2ème partie :

17’39 Raymond Lévesque     : Les trottoirs                                       : Raymond Lévesque : 1954
19’53 René-Louis Lafforgue  : Le pavé de ma rue                            : René-Louis Lafforgue : 1954
22’11 Germaine Montero     : Complainte de Sir Jack l’éventreur : Albert Vidalie – Yves Darriet : 1954
25’36 Michèle Arnaud          : La rue s’allume                              : Louis Ducreux – Louis Ducreux, André Popp : 1954
28’04 Jacques Brel                : Sur la place                                     : Jacques Brel : 1954

Jacques Brel

Mon pot' le gitan - Jacques Vérières - Les Quatre Barbus

En 1928, à l’origine des Quatre Barbus, il y a les Compagnons de route, trio puis quatuor vocal issu de l’École des Beaux-Arts, composé de trois élèves architectes qui seront progressivement remplacés.
1945, à la Libération, le quatuor devient barbu pour le spectacle Grenier-Hussenot des “Gueux au paradis”. Leur répertoire est plutôt folklorique voire enfantin quand ils sont en duo avec Lucienne Vernay, femme de Jacques Canetti.
À partir de 1954, leur répertoire va s’élargir avec des textes plus poétiques mais aussi des pastiche. “La pince à linge” de Francis Blanche sur la musique du 1er mouvenent de la Vème Symphonie de Beethoven sera un immense succès. Ils n’en continueront pas moins à chanter le folklore, les chansons gaillardes, les chansons anarchistes. Leur dernier album de 1971 sera consacré aux chansons de la Commune de Paris.

Chansons de la 3ème partie :

32’36 Jacques Vérières      : Mon pot’ le gitan : Jacques Vérières – Marc Heyral : 1954
35’33 Marcel Lupovici       : Romance de la lune-lune : Federico García Lorca, adapt. fr. Felix Gattegno : 1954
37’36 Philippe Clay :  L’évadé (Juste le temps de vivre) : Boris Vian – Jean-Paul Mengeon, Philippe Clay : 1954
38’58 Les Quatres Barbus : Actualités : Albert Vidalie – Stéphane Golmann : 1954
41’12 Guylaine Guy            : Où sont-ils donc ? : Charles Trénet : 1954
43’41 Edith Piaf                  : Ça ira : Ladré – Bécourt : 1954

Le Déserteur - Marcel Mouloudji - Juliette Gréco

Marcel Mouloudji, acteur, chantauteur et peintre français naît à Paris en 1922 dans une famille pauvre : père maçon, mère aide-ménagère. Marcel est un poulbot de Belleville qui vend des journaux et des oranges après l’école pour améliorer l’ordinaire de la famille.
En 1935, il fait la connaissance de Sylvain Itkine, membre du Groupe Octobre. Marcel Maillot, directeur d’une colonie de vacances du Syndicat du livre, le pousse à chanter. Il est remarqué par Jean-Louis Barrault qui cherche un enfant pour un spectacle. Ce dernier l’introduit dans le milieu artistique de Paris. Marcel participe ainsi au mouvement artistique associé au Front Populaire de 1936. Il commence alors une carrière dans le cinéma.
En 1943, il rencontre Louise (Lola) Fouquet, une actrice qui deviendra sa femme. puis son agent artistique. C’est elle qui l’incitera à se lancer avec succès dans la chanson. Marcel a tout pour séduire l’esprit rive gauche naissant : Sa voix, son univers plein de poésie et son personnage nonchalant.
Quand le 7 mai 1954, le jour même de la déroute de Diên Biën Phu, il interprète “Le Déserteur” de Boris Vian, cela provoque un scandale. Mouloudji en avait atténué le message en modifiant certaines paroles. La chanson sera interdite de diffusion pour “antipatriotisme”. L’interdiction ne fut levée qu’en 1962 après la défaite d’Algérie.


Chansons de la 4ème partie :

48’14 Juliette Gréco         : Ça va (Le diable)  : Jacques Brel : 1954
50’53 Marcel Mouloudji  : Le Déserteur        : Boris Vian – Boris Vian, Harold Berg : 1954
53’51 Souris                      : Nous les filles      : Léo Ferré : 1954
57’20 Oscar Thiffault      : Le rapide blanc    : Oscar Thiffault : 1954

Souris