1946-1947 – Chansons d’après-guerre

1946-1947 - Chansons d'après-guerre - Création de la Sécurité sociale - Sam Castendet - Chansons exotiques - Grands orchestres - Émergence de Léo Ferré


1946-1947 – Chansons d’après-guerre – Chansons exotiques – Grands orchestres – Émergence de Léo Ferré.
À la Libération les classes populaires sont en liesse : “Les Jours Heureux” le programme d’action du Conseil National de la Résistance” est dans toutes les têtes. Ce dernier appelle à ” … la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement heureuse…” Les chansons reflètent cette période joyeuse. Cependant un jeune auteur inconnu, Léo Ferré, casse l’ambiance avec “Ils broyaient du noir” que nous écouterons dans une version restaurée “ADN”. Une exclusivité de l’Atelier du Désir Novateur.

 

Contexte historique

La sécu toujours une idée neuve

Grâce au sacrifice d’un grand nombre de ses militants, le PCF peut se présenter comme le parti des résistants, ce qui lui vaut une immense popularité. La conjoncture est alors très favorable aux classes populaires : le monde nouveau pour lequel tant de militants se sont sacrifiés est à portée de mains, un vent d’optimisme souffle. On chante et on danse dans les lieux populaires. Les possédants s’affolent. Charles de Gaulle, le résistant londonien, rassemble autour de lui tout ce que la France compte de réactionnaires. En organisant la pénurie, il tente de retourner le peuple contre les communistes.

Ambroise Croizat, militant syndical et communiste fut ministre du travail du 21 novembre 1945 au 4 mai 1947. Malgré l’opposition acharnée du patronat, Croizat réussit à mettre en place un régime général de Sécurité sociale.
Ce régime qui non seulement mutualise une part importante de la valeur produite par les travailleurs mais encore leur en confie la gestion. Une hérésie pour les tenants de la bourgeoisie.
Les allocations familiales, l’assurance-maladie, les retraites et la couvertures des accidents de travail ont ceci de renversant (et de proprement révolutionnaire) que la collecte des cotisations ne dépend ni de l’État ni du patronant, mais d’une caisse gérée par des représentant syndicaux. Selon une estimation , un tiers de la masse totale des salaires est socialisé.
Ce système unique sera effectif de 1946 jusqu’en 1967, il continuera à faire l’objet d’un travail de sape jusqu’au XXIème siècle par les fondés de pouvoir de l’oligarchie.
Mais en juin 1946, le PCF est le premier parti de France aux élections législatives avec 25,9% des voix…
Fin août 1946, les hussards rouges réussissent à mettre sur pied 123 Caisses Primaires de sécurité sociale et 113 Caisses d’Allocation Familiales.
Dans les colonies les tentatives de libération des “peuples de l’empire” sont écrasées dans le sang dès 1945 : en Algérie, aux Antilles, à Madgascar, en Indochine, la bourgeoisie coloniale s’accroche à ses privilèges. Le ventre de la bête immonde est toujours fécond.

Liesse populaire et privations.

Francine Claudel

Francine Van Der Walle, alias Francine Claudel est une chanteuse et actrice belge née en 1921 à Pont-à-Celles (près de Charleroi), décédée en 1987.
Ses parents déménage à Courcelles, Francine s’intéresse très tôt à la musique et prend comme nom de scène Francine Claudel, en l’honneur du ténor courcellois Marcel Claudel.
Elle part à Paris suivre des cours d’art dramatique, débute sur les planches en jouant “Le mariage de Figaro” et entame une carrière cinématographie. Le film “De Mayerling à Sarajevo” paraît le 1er mai 1940.
En 1941, elle joue dans le film “Fièvre” en compagnie de Tino Rossi. À cette époque elle a une relation avec Francis Blanche.
A un moment pendant la guerre, elle retourne en Belgique mais revient à Paris en 1945.
Le 1er décembre 1945, elle entre dans le grand orchestre de Jacques Hélian.
Un journaliste dira d’elle : “On serait plutôt porté à croire que cette chanteuse est une danseuse. Francine Claudel ne tient pas en place ! Avec ses socquettes et ses cheveux fous, elle a l’air d’une écolière turbulente qui passe son temps à improviser des entrechats et à taquiner ses camarades ; ce doit être elle le “Feu follet” de la chanson, un des succès de l’orchestre”.
Elle quitte l’orchestre de Jacques Hélian le 1er février 1947 et sera remplacée par Ginette Garcin.


Dans cette 1ère partie seront diffusés :

02’07 André Dalt  : Le retour des guinguettes : Roger Vaysse – Léo Maridès, 1946
04’08 Anny Flore : La fille du patron                  : Valandré – Joëguy, 1946
07’17 Francine Claudel, Zappy Max, Jo Charrier : Ça fait chanter tous les Français : Henri Bourtayre – Maurice Vandair, 1946
10’11 Pierre Dudan : La polka des mandibules : Pierre Dudan, 1946
12’42 Yves Deniaud : Le loup et l’agneau           : Jean de La Fontaine, adapt. Yves Deniaud, 1947

Sam Castendet - Chansons exotiques

Sam Castendet est un chef d’orchestre, compositeur et clarinettiste martiniquais né en 1906 à Sainte Marie. Il se passionne la musique à l’école communale et sa mère lui offre une clarinette à l’âge de 16 ans.
il abandonne l’école pour se former au métier d’ébéniste puis à la mécanique.
En 1924, il part en métropole pour travailler comme mécanicien dans l’aviation. Il continue à jouer de la clarinette en autodidacte.
En 1931, il est invité à animer le pavillon de la Guadeloupe lors de l’Exposition coloniale internationale en remplacement d’Alexandre Stellio. Il assurera cette animation pendant trois semaines.
Il rencontre Alexandre Stellio et décide d’abandonner la mécanique, apprend le solfège et monte sa propre formation : Sam Castendet et son orchestre antillais. Les amateurs de biguine découvrent alors ce clarinettiste et chef d’orchestre talentueux. Le succès vient et c’est la tournée des cabarets parisiens puis des lieux de spectacles métropolitains.
En 1939 il est mobilisé, fait prisonnier il arrive à s’évader en 1942. Il reprend alors ses activité dans les cabarets parisiens.
A la Libération, il anime pendant 5 ans “La Canne à sucre” cabaret parisien, haut lieu de la musique des Antilles.
En 1951 il connaît la gloire en animant le podium du Tour de France cycliste.

Dans cette 2ème partie seront diffusés :

16’23 Jean Sablon        : Rhum et coca-cola : Morey Amsterdam, adapt. Francis Blanche – Jerri Sullavan, Paul Baron, 1946
19’30 Sam Castendet  : Le nègue antillais : Sam Castendet, 1946
22’11 Lyne Clevers      : Tchiou tchiou        : Nicanor Molinare, adapt. André Hornez, 1946
24’16 André Dassary  : La paloma              : Sebastián de Yradier, 1947
27’22 Banda e coro anarchici cararesi   : Figli dell’ officina : Anonyme, 1946

Biguine à la Canne à sucre

Lisette Jambel - Le petit Chaperon rouge - Premier enregistrement d'une composition de Léo Ferré

Lisette Jambel

Lisette Jambel est une chanteuse française, née en 1921, décédée en 1976.
En 1936, à 15 ans, elle remporte un radio crochet organisé par Radio Cité.
En 1946 après de modestes débuts au music-hall, elle rencontre un énorme succès avec “Le Petit chaperon rouge”.
Dès lors, elle enregistre pour le public adulte des textes de jeunes auteurs contemporains dont, entre autres, Charles Aznavour, Pierre Roche, Francis Blanche etc …mais elle enregistre aussi pour le public jeune avec la série des chansons de Bob et Bobette de René-Paul Groffe.
De même, elle participe au feuilleton radiophonique “La famille Duraton” de Jean-Jacques Vital avec Jean Carmet sur radio Luxembourg. Elle décède à 55 ans à la suite de brûlures.

Début des années 1940 Léo Ferré rencontre à Monaco René Baër qui s’y est réfugié pour échapper à la persécution antisémite du régime de Vichy. Depuis 1941, Léo Ferré se produit sur scène et il cherche à étoffer son jeune répertoire.
René Baër lui fournit 6 (ou textes) que Ferré met en musique dont “La chambre” dont l’enregistrement de Yvette Giraud en 1947 sera la première interprétation connue d’une compostion de Léo Ferré.


Dans cette 3ème partie seront diffusés :

31’57 Lisette Jambel    : Le petit Chaperon rouge        : Françoise Giroud – Loulou Gasté, 1946
34’57 Jacques Hélian   : Le régiment des mandolines : Maurice Vandair – Henri Betti, 1946
37’54 Colette Mars      : La complainte du corsaire      : André Grassi – Henri Contet, 1947
40’50 Yvette Giraud    : La chambre                               : René Baër – Léo Ferré, 1947

Grand orchestre d'après-guerre : Jacques Hélian

Jacques Mikaël Der Mikaëlian, alias Jacques Hélian est un chef d’orchestre né en 1912 à Paris, décédé en 1986. Père arménien, mère française, il commence des études dentaires qu’il abandonne rapidement pour apprendre le saxophone avec son beau-frère le chef d’orchestre Raymond Legrand.
En 1936, Jacques entre dans l’orchestre de Ray Ventura dont il dirige très vite le pupitre des saxophones.
Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier puis libéré en 1943 pour raison de santé.
Le 24 août 1944, Paris est libéré par une insurrection populaire (évitant ainsi l’installation de l’AMGOT et la mise sous tutelle étasunienne). Jacques Hélian crée son orchestre, engage Francine Aubret, une jeune chanteuse belge et Zappy Max. Ils répètent comme des forcenés “Fleur de Paris” qui allait devenir un immense succès et la chanson-symbole de la Libération.
L’orchestre est lancé. galas, concerts en direct et enregistrés se succèdent à un rythme effréné.

Les destruction de la guerre avait fait fait chuter drastiquement la production de charbon. Ce dernier représente 95% de l’énergie contribuant aux difficultés alimentaires et de chauffage des Français.e.s. D’autre part les compagnies minières craignant une nationalisation n’investissent pas. Le parti Communiste engage la controversée Bataille du charbon permettant d’augmenter la production. Malgré cela du charbon doit toujours être importé d’Allemagne (Ruhr). A partir de novembre 1946 les importations baissent de 50% accentuant la pénurie.


Dans cette 4ème partie seront diffusés :

45’16 Léo Ferré           : Ils broyaient du noir (archive L.F. restaurée “ADN”) : Léo Ferré, 1947
46’48 Jacques Hélian  : Le charbon de la Ruhr    : Maurice Vandair – Henri Betti, 1947
49’51 Ray Ventura      : Chanson d’un sou            : Bernard Michel – Paul Misraki, 1947
52’31 Yves Montand  : Ce monsieur-là                 : Henri Contet – Marguerite Monnot, 1947
57’27 Suzy Delair       : Avec son tralala                : André Hornez – Francis Lopez, 1947